J’espère que votre rentrée s’est bien passée ?
Comme indiqué en conclusion de mon dernier article :
« la mise en place de ces outils est possible si notre posture d’adulte est cohérente avec ce que nous voulons transmettre aux enfants et aux adolescents parce qu’ils apprennent d’abord de leur environnement. »
Alors parlons posture.
Pour commencer : Est-ce que vous regardez parfois les pas déjà réalisés ?
Est-ce que vous regardez le chemin parcouru ?
Je crois qu’il s’agit d’une compétence à développer pour prendre soin de soi et de son énergie pour pouvoir continuer à avancer.
Alors, avant de continuer mon ascension, je fais une pause et je me pose la question :
Qu’est-ce que je sais déjà faire ou que je fais déjà pour faciliter ma relation avec les enfants et les jeunes ?
- accueillir mes émotions : m’offrir de l’auto empathie et recevoir de l’auto empathie de la part de mon binôme d’empathie
- accueillir les émotions des enfants et des jeunes
- créer des accords de groupe en écoutant les besoins de chacun, y compris les miens
- parler positivement
- sourire
- faire partie d’un groupe de pratique en Communication non-violente
- continuer à me former en Communication non-violente
Voilà mes bâtons de marche, deux bâtons solides sur lesquels m’appuyer pour continuer à avancer quelque soit le dénivelé.
Et tout au long du chemin, pour rester motivée et concentrée, je me répète :
« connect before correct » : la relation avant l’éducation ou la relation avant l’objectif
Voilà pourquoi je mets en place des rituels dans les groupes, tels que l’accueil des émotions, les accords de groupe, les jeux coopératifs…
Et vous ? Que mettez vous déjà en place pour faciliter votre relation avec les enfants et les jeunes ?
Vient ensuite l’heure de nous poser la question sur nos intentions éducatives.
Quelles sont mes intentions éducatives ?
À quoi ai-je envie de contribuer ?
* Leur dire à quel point ils sont uniques et précieux
J’aime mettre en avant leur unicité le plus souvent possible.
Par exemple, en les invitant à s’exprimer sur un texte, une œuvre d’art, une citation…
Pour cela les ateliers philo sont un excellent outil. Quel bonheur de les écouter débattre, argumenter, citer des exemples, conceptualiser…
C’est un espace où chacun et chacune est libre d’être à condition d’avoir posé un cadre sécurisant et bienveillant ensemble et d’instaurer des cycles d’atelier réguliers, idéalement 1 atelier hebdomadaire pendant au moins 10 semaines.
En dehors des ateliers philo, j’utilise aussi le jeu Totem, une fois que les élèves ou les participants se connaissent bien.
Ce jeu leur permet de découvrir leurs forces personnelles au travers de la reconnaissance de leur pairs.
* Repérer leurs talents, leurs bons comportements et leurs exprimer
Je m’exerce chaque jour à changer de focus, à voir le bon côté de chaque élève ou de chaque participant plutôt que de m’agacer de certains comportements.
Par exemple, le jour où l’un de mes élèves a eu un comportement désagréable pendant un cours, je lui ai demandé de rester à la fin et de m’expliquer sa réaction.
Il m’a confié qu’il était en colère contre le Lycée, qu’il avait dû faire un choix difficile : partir en vacances avec ses parents ou rester au lycée pour passer des épreuves pour son examen. Il a choisi de rester et finalement les épreuves ont été annulées au dernier moment.
Je lui ai dit que j’entendais sa colère et je l’ai félicité pour la maturité dont il avait fait preuve dans ce choix difficile.
Dès lors, son comportement en cours a complètement changé.
Pour m’accompagner dans ce changement de focus, je note régulièrement les comportements que j’ai apprécié pour pouvoir leur exprimer le plus précisément possible.
Par exemple : »je te remercie de m’avoir aidé à ranger le matériel à la fin de l’atelier » ou « je te félicite d’avoir proposé de l’aide à un copain en difficulté hier pendant l’activité créative »…
* Donner du sens à mes ateliers et à mes cours : pourquoi je fais ça ?
J’essaie de dire aux enfants et aux jeunes ce qui est important pour moi, mes valeurs.
Je le fais surtout en début d’année scolaire ou en début de cycle d’ateliers lorsque je me présente.
J’aime leur dire que je suis là pour les écouter, pour construire ou réfléchir ensemble, que la politesse est importante pour moi et que je suis garante du cadre de sécurité.
Je leur fais part de mon parcours atypique, je leur partage mon rêve : sortir du rapport dominant/dominé entre les adultes et les enfants ou les jeunes.
Je réponds à leurs questions, souvent nombreuses, en toute authenticité et tout au long de nos ateliers ou de nos cours, de la même manière, je leur fais part de mes ressentis et de mes besoins, de ce qui est vivant en moi.
* Donner à chacune et chacun la possibilité d’être acteur de ses apprentissages : qu’est ce que tu aimerais apprendre et de quelle manière ?
Chaque jour, je les questionne sur ce qui est important pour eux et je les écoute.
Mon moment préféré pour les écouter est lors de notre première rencontre, lorsque nous fixons les accords de groupe ensemble où chacune et chacun peut exprimer de quoi il a besoin pour se sentir bien dans le groupe.
Ensuite à chaque atelier ou cours, je leur laisse le choix entre plusieurs activités et/ou thématique et j’écoute et respecte leur rythme dans la mesure du possible.
En atelier philo, nous organisons des cueillettes de questions pour partir de leur questionnement, de ce qui les intéresse.
J’aime coconstruire mes ateliers et mes cours avec eux.
* Comprendre leur fonctionnement : qu’est-ce qui t’a aidé par le passé et qu’est-ce qui t’a bloqué ?
Je m’efforce de les questionner sur leur fonctionnement pour mieux les comprendre mais aussi pour qu’ils prennent l’habitude d’analyser leurs réussites et leurs erreurs.
J’aspire à ce que tous les jeunes apprennent à mieux se connaître et à mieux se comprendre pour mieux vivre avec les autres.
Je leur demande souvent « qu’est qui pourrait t’aider ? », « sais-tu ce qui fait que tu réussis ? », « à ton avis, pourquoi c’était si difficile pour toi aujourd’hui ? », « comment pourrait-on faire la prochaine fois pour que ça se passe mieux ? »…
J’utilise aussi « les soleils de l’intelligence multiple », un outil pour qu’il se voit rayonner et qu’il comprenne ce qui peut les aider.
Pour chaque rayon, ils doivent trouver un exemple où ils ont fait appel à cette compétence.
Nous échangeons ensuite sur les expériences les plus faciles et les plus difficiles et sur la manière dont ils ont procédé, parfois seul et parfois avec de l’aide.

« Nage dans le soleil,
Comme un poisson dans l’eau
Voit comme elles brillent tes écailles »
* Mettre du plaisir dans mes cours et mes ateliers
Enfin, je n’hésite jamais à mettre du plaisir dans mes cours ou mes ateliers.
Un clip qui leur plaît, une musique, un goûter, une danse de la joie, une pause…
Alors si mes bâtons de marche sont solides pour avancer quelque soit le dénivelé, ils me permettent surtout de les rejoindre sur leur montagne, aussi lointaine soit-elle.
Je sais à quel point ce questionnement sur notre posture éducative peut être un processus inconfortable et pénible qui exige une prise de conscience.
J’entends à chaque formation de Communication Non-violente la crainte des adultes de perdre leur autorité sur les enfants et les jeunes dont ils ont la charge et je tiens à rappeler ici que : partout où il y a violence, il y a perte d’autorité.
Et vous à quoi avez vous envie de contribuer ? Quelle est votre posture éducative ?