Comme pour les ateliers philo prévus la semaine dernière à l’occasion de la journée mondiale du bonheur, les ateliers planifiés cette semaine pour parler de la presse et des médias dans les écoles et les collèges ont été annulés.
Quel dommage ! C’est l’occasion pour les enfants et les adolescents de comprendre le système des médias, de former leur jugement critique, de développer leur intérêt pour l’actualité, et de se forger une identité citoyenne et de penser par eux-mêmes au même titre que lors des ateliers philo.
Alors je vous propose d’en discuter ici à la manière d’un atelier philo, comme expliqué dans mon article précédent, avec les enfants et les adolescents.
Mettons à profit cette période de confinement pour s’interroger sur la liberté d’expression et le droit à l’information. Soyons attentifs aux sources d’information des enfants et des adolescents et de leur vision de l’actualité et du monde. Profitons-en pour parler du Coronavirus et enfin, échangeons sur les fake news qui envahissent les écrans.
Petit rappel pour faire un atelier philo :
- installés en cercle, on se présente et on donne sa météo intérieure,
- on fixe les règles de discussion ensemble (on peut utiliser une balle ou un bâton de parole ou tout autre objet pour bien s’écouter),
- on se concentre en expérimentant une pratique de l’attention : une petite méditation trouvée sur internet à faire en famille ou simplement se concentrer tous ensemble sur un objet au centre du cercle (un sablier ou la flamme d’une bougie par exemple),
- nous sommes prêts, la discussion philosophique peut commencer !
Notre communauté de recherche va tout d’abord se questionner sur la liberté d’expression :
C’est quoi la liberté d’expression ?
Y-a-t-il des limites à la liberté d’expression ?
Qui décide des limites de la liberté d’expression ?
Jusqu’où peut-on aller au nom de liberté d’expression ?
Que faire quand on estime que les limites sont dépassées ?
Comment sait-on ce qu’on peut dire ou ne pas dire ?
Pourquoi les journaux s’autorisent-ils à publier des caricatures ?
On a quand même le droit de penser ce qu’on veut ?
Comment faire quand on ne pense pas comme tout le monde ?
Sur les réseaux sociaux, on est libre de dire ce que l’on veut ?
Cette liberté d’expression, est-elle valable partout dans le monde ?
Justement, cette année le thème de la semaine de la presse et des médias dans l’école choisi par le CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information) est : l’information sans frontières ?
Enseignants, vous trouverez une mine de ressources sur ce thème.
Le droit à l’information
Le droit à la liberté d’information, d’expression et de participation est inscrit dans la convention internationale des droits de l’enfant. Mais à quelle information les enfants et les adolescents ont-ils accès ?
Tout être humain a besoin d’être informé pour vivre en société, cependant même si ce besoin est universel, le droit et l’accès à l’information restent très inégaux et la quantité et la qualité d’information ne seront pas les mêmes pour tous.
L’article 17 de la convention internationale des droits de l’enfant précise :
Accès à une information appropriée
L’État garantit l’accès de l’enfant à une information et à des matériels provenant de sources diverses, et encourage les médias à diffuser une information qui présente une utilité sociale et culturelle pour l’enfant.
L’Etat prend des mesures pour protéger l’enfant contre les matériels nuisibles à son bien-être.
Convention des droits de l’enfant – article 17
Cela signifie que les pays doivent :
- veiller à ce que les enfants reçoivent des informations diversifiées et justes de la part des médias (radios, télévisions, journaux, etc.) qui doivent transmettre des informations utiles aux enfants et aux adolescents,
- protéger les enfants et les adolescents contre les informations qui pourraient être contraire à leur intérêt et à leur bien-être.
Et nous ? Parents et éducateurs, quels accès à l’information donnons-nous aux enfants et aux adolescents ?
Parler du Coronavirus avec les enfants et les adolescents
C’est peut-être aussi le bon moment pour demander aux enfants et aux adolescents leur avis sur le CORONAVIRUS :
Qu’est-ce que vous avez entendu ? Vu, lu et compris sur les différents médias ?
Comment vous sentez-vous par rapport à ça ?
Aborder le sujet en posant cette question permet de les aider à prendre du recul, à se poser des questions et surtout de les écouter.
Quel que soit leur âge, ils auront bien compris qu’il se passe quelque chose de grave et d’inédit.
Après cette phase d’écoute, vous pouvez répondre à leurs questions s’ils en ont.
En répondant au plus près de leurs besoins et le plus justement possible.
Cela évite de trop en dire, tout en restant à leur écoute et en étant honnête avec eux sans cacher nos inquiétudes, nos peurs, nos doutes et nos espoirs.
Les fake news
Un autre virus a envahi nos médias : les fake news. En cette période de crise sanitaire, certains en profite pour divulguer de fausses informations, souvent anxiogènes. D’autres d’annoncent des traitements miracles, sans prendre en compte l’incertitude scientifique dans cette phase de recherche intensive contre le CORONAVIRUS.
Et vous ? Comment faites-vous pour savoir si une information est vrai ?
Pensez-vous qu’il est grave de publier de fausses informations ?
Savez-vous s’il existe-t-il une police pour surveiller tout cela ?
Est-ce que vous vous êtes déjà fait avoir par une fausse information ?
Interroger les enfants et les adolescents sur le thème de l’information et des médias est une façon de leur faire prendre du recul, de développer leur esprit critique et leur capacité à penser par eux-mêmes.
C’est une autre manière d’aborder le thème des écrans avec eux, dans une posture d’écoute plutôt que dans une posture de contrôle.
Je vous souhaite des échanges enrichissants.
Prenez soin de vous et des autres et rendez-vous la semaine prochaine pour évoquer à nouveau les médias dans le cadre de la semaine européenne de l’éducation aux médias.
N’hésitez pas à laisser un commentaire pour nous dire comment c’est passé votre discussion à la manière d’un atelier philo ou à poser des questions.
Il existe de nombreuses ressources sur le site du CLEMI à l’attention des familles et des enseignants, notamment un dossier spécial confinement, pour vous aider à en parler.
Dites-nous aussi quel sujet souhaitez-vous voir aborder ici ?