Chers enfants, adolescents, parents et éducateurs,
pendant et après cette période de confinement, nous sommes et allons être, confrontés à des tempêtes émotionnelles.

Afin de vous permettre de vivre au mieux avec vos émotions et d’accompagner les enfants ou les adolescents dont vous avez la charge, je vous propose des outils pour accueillir et exprimer vos propres émotions, et les aider à accueillir les leurs :

  • pour les enfants : la silhouette des sensations,
  • pour les adolescents et les adultes : le stop-feel-go,
  • et enfin, en cas de crise : comment exprimer notre colère d’adulte avec des enfants et des ados ?

Tout d’abord il est très important de préciser à tous :

  • qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions,
  • que tout le monde ressent des émotions (enfants, adolescents, adultes, hommes, femmes…),
  • et qu’une émotion finit toujours par passer, et elle passera d’autant plus vite si elle est réellement accueillie.

En effet, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions mais plutôt des émotions agréables et des émotions désagréables :

  • Les émotions agréables correspondent à des besoins nourris,
  • et les émotions désagréables à des besoins non nourris.

Nos sensations

Dans un premier temps, il est donc essentiel de s’attacher à nos sensations, plutôt qu’à nos émotions.

Les ateliers émotions que je propose aux enfants débutent toujours par un atelier des sens : à chaque expérience des sens (l’odorat, la vue, le toucher et l’ouïe) je leur demande s’ils ont trouvé cela agréable ou désagréable et où cela se situe dans le corps.

En effet, il n’est pas toujours facile pour un jeune enfant de nommer l’émotion, il sera peut-être plus facile de le faire parler de ce qu’il ressent.

La silhouette des sensations : un outil pour les enfants

Je vous propose de dessiner ou d’imprimer plusieurs silhouettes et de les mettre à disposition des enfants.

Pendant ou après la tempête émotionnelle, vous pouvez leur demander de dessiner ce qu’ils ressentent dans le corps en les accompagnant avec des questions :

  • c’est où ? dans les bras ? les jambes ? le cou ? le cœur ? le ventre ? les mains ? la tête ? les oreilles ?…
  • c’est comment ? c’est dur ? mou ? tendu ? détendu ? ça pique ? ça chauffe ? c’est froid ?…

Ici, il n’est pas utile de nommer l’émotion, mais seulement les sensations agréables ou désagréables que l’émotion a causé dans son corps.
Cela évite de se tromper d’émotion.
L’enfant va souvent dire qu’il est en colère par exemple, parce qu’il l’a souvent entendu de la bouche de l’adulte, alors qu’en réalité il s’agit de la peur.

Christelle Mancuso des outils pour accueillir nos émotions

Ici la tristesse dans le corps.

« mes yeux pleurent,

ma bouche et mes dents sont serrées

et il y a des boules noires dans mon ventre »

Lise – 4 ans

Après cela, nous voyons s’il s’agit d’une émotion agréable ou désagréable et nous pouvons essayer de la nommer.

Et enfin, poser la question à l’enfant : de quoi aurais-tu besoin pour te sentir mieux ?

Il est essentiel de faire le lien avec le besoin.

Plus vous vous exprimerez de cette façon, plus il sera facile à l’enfant de comprendre que chaque émotion correspond à un besoin.

Les autres outils pour tous

La roue des émotions ou les cartes des émotions et des besoins sont de formidables outils pour nous aider au quotidien.
Pour faire le lien entre les émotions et les besoins.

Accueillir nos émotions

Nous avons vu qu’il n’y avait pas de bonnes ou de mauvaises émotions.

Les émotions sont normales et utiles, quelles qu’elles soient et il faut le dire aux enfants et aux adolescents.
Nous confondons souvent émotion et comportement, il faut bien dissocier les deux.

la boussole des émotions Art-Mella

Les émotions sont nos alliées, comme une boussole de notre bien-être ou des voyants dans notre corps, comme sur le tableau de bord d’une voiture, pour nous indiquer que quelque chose nous convient ou ne nous convient pas. Écoutons-les !

Un extrait de la BD « Emotions, enquête et mode d’emploi »

de Art-Mella

Pour pouvoir les écouter, il faut les entendre, ou plutôt les accueillir.
Cela exige de prendre le temps de se relier à notre corps et d’être attentif à ce que nous ressentons.

Est-ce une émotion agréable ou désagréable ? Où est-elle située dans mon corps ? Est-ce que c’est chaud ? froid ? piquant ? dur ? tendu ? mou ? gros ? petit ?

Le stop-feel-go : un outil pour les adolescents et les adultes

Face à une tempête émotionnelle, avant de savoir de quelle émotion il s’agit, je vous propose de marquer une pause pour éviter d’être en réaction et de prendre le temps d’avoir la réponse adaptée à la situation en utilisant cet outil.

Le « STOP-FEEL-GO » consiste à :

  • s’arrêter de penser, d’agir, de parler…
  • prendre une grande inspiration afin de se concentrer sur ce que l’on ressent dans le corps (vous pouvez faire un scan mental de votre corps et être attentif aux sensations, à la chaleur, au rythme cardiaque, etc.),
  • puis à expirer longuement et à reprendre la parole ou passer à l’action.

Comment exprimer notre colère d’adulte face à un enfant ou un adolescent

Pour exprimer pleinement notre colère :

  • Nous marquons un temps d’arrêt et respirons profondément à l’écoute de ce que nous ressentons (sensations et émotions) sans chercher à juger ou à punir l’enfant ou l’adolescent : nous faisons un « STOP – FEEL – GO ».
  • Nous cherchons les raisons qui nous ont mis en colère, nous cherchons notre besoin ou nos besoins non satisfait(s), nous pouvons dire « attendez ici ou asseyez vous j’ai besoin de réfléchir un moment » pendant que nous traduisons notre colère en termes de besoins et d’émotions.
  • Après cette étape, si nous nous en sentons capable, nous pouvons faire preuve d’empathie avec le ou les enfant(s) ou adolescent(s) en demandant : « que se passe-t-il ? »… et nous écoutons la réponse en essayant d’être attentif à ce que l’enfant ou l’adolescent ressent, à ses besoins souvent cachés derrière des paroles jugeantes ou des critiques – nous nous connectons à son cœur, et non à sa tête.
  • Enfin, une fois l’enfant ou l’adolescent entendu, nous pouvons exprimer ce que nous avons ressenti à ses paroles ou à ses actes : « lorsque vous avez dit ou fait cela…. j’ai éprouvé beaucoup de colère parce que j’ai besoin de… »

La clé est de prendre son temps, de ne pas être en réaction.
Il peut être difficile de rompre avec nos habitudes, cela demande de l’entraînement.

Notre colère provient des jugements, étiquettes et reproches que nous avons l’habitude de faire.
Ici, il s’agit de dégager l’autre de la responsabilité de nos émotions.
De ne plus penser « il ou elle m’a mis en colère », « je suis en colère parce que tu as un mauvais comportement », « tu m’énerves »…
Le comportement des enfants et des adolescents dont nous avons la charge peut faire naître de la colère en nous mais ils n’en sont en aucun cas la cause.

Ce processus, proposé par Marshall B. Rosenberg, créateur de la Communication Non Violente, nous invite à exprimer pleinement notre colère sans l’ignorer, la réprimer ou la ravaler, de manière consciente.

Je lis, j’entends, j’observe beaucoup de tempêtes émotionnelles autour de moi pendant cette période de confinement et j’espère vraiment que ces outils pourront vous être utiles pour une éducation bienveillante.
Durant cette crise, je demeure au service du mieux-être et vivre ensemble en famille ou en classe.

Journée de la Non Violence éducative

Je vous informe également que le 30 avril 2020 aura lieu, comme chaque année, la journée de la non violence éducative créée par Catherine Dumonteil Kremer.
De nombreuses ressources sont mises à disposition à cette occasion.

Pour faire ma part, je vous propose de répondre à toutes vos questions ce jour-là.

Vous pouvez m’envoyer un mail ou prendre un rendez-vous à latelierdesbulles73100@gmail.com.
Nous communiquerons à distance.

Prenez bien soin de vous et des autres et à très vite.