Je vous propose des outils ou des rituels à adopter en classe ou à la maison de manière régulière pour les enfants et les adolescents, pour qu’ils soient plus épanouis, plus engagés dans leurs apprentissages et plus heureux tout simplement !

Ces outils, au service du mieux être et mieux vivre ensemble, sont compatibles et adaptables aux prescriptions sanitaires actuelles et peuvent être mis en place avec peu de matériel.

Chaque enfant est prédisposé à développer ses compétences psychosociales à condition que les expériences vécues soient le plus fréquentes possibles. 

« Les compétences psychosociales sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. C’est l’aptitude d’une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement. » 

Définition de l’OMS

La mise en place de ces outils est possible si notre posture d’adulte est cohérente avec ce que nous voulons transmettre aux enfants et aux adolescents. 

En effet, l’enfant apprend d’abord de son environnement. 

L’accueil des émotions : 

En premier lieu, je vous propose d’accueillir les émotions du groupe chaque jour avec des outils adaptés en fonction de l’âge et du temps que vous souhaitez y consacrer. 

Cartes des émotions
Christelle Mancuso

Soit individuellement, en utilisant : 

  • des cartes de météos intérieures, 
  • des cartes des émotions, 
  • des silhouettes

Soit en groupe en utilisant des signes.  

Chaque enfant lève la main en faisant le signe de son émotion du jour :  

  • le point fermé : représente un nuage, 
  • la main ouverte : représente un soleil, 
  • les doigts vers le bas : représente la pluie. 

L’adulte accueille les émotions du groupe, sans oublier de partager les siennes, et chacun voit les émotions de l’autre. L’empathie, innée chez les enfants, peut ainsi se développer au fil du temps. 

Vous pouvez également proposer aux enfants ou aux adolescents d’apaiser leurs émotions en autonomie dans un coin de la classe en mettant à disposition un sablier à observer pendant quelques minutes, une boîte à émotions contenant des mandalas, des coloriages, de belles images, des feuilles à gribouiller et à déchirer, une boîte à musique…  

Vous pouvez aussi créer avec le groupe un tableau des stratégies pour leur permettre de trouver des solutions pour s’apaiser lors des tempêtes émotionnelles et l’afficher dans la classe. 

Faire le lien avec les besoins : 

Après avoir accueilli les émotions du groupe, vous pouvez leur rappeler qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions, mais plutôt des émotions agréables et des émotions désagréables :

  • une émotion agréable correspond à un besoin nourri,
  • et une émotion désagréable à un besoin non nourri. 

Vous pouvez alors faire le lien avec leurs besoins et utiliser quotidiennement, ou de manière régulière les cartes des besoins. 

Cartes des besoins
Christelle Mancuso

Je vous propose de demander à l’enfant ou à l’adolescent : « de quoi as-tu besoin ? »  

Et de le laisser choisir une carte.  

Ensuite vous pouvez lui demander « comment peux-tu faire pour obtenir ce dont tu as besoin ? »  

  • Soit il sait et explique sa stratégie pour nourrir son besoin, 
  • Soit, s’il ne sait pas, vous pouvez demander au groupe : « et vous ? Comment faîtes-vous pour nourrir ce besoin ? » 

Et vous construisez ensemble une stratégie pour répondre à son besoin. 

Ainsi, l’enfant ou l’adolescent se sent écouté et respecté et tout le groupe peut faire preuve de solidarité et sera plus motivé et plus engagé à coopérer. 

Organiser des minutes de gratitude : 

Vous pouvez mettre en place un panier dans la classe avec les étiquettes de tous les prénoms (y compris ceux des adultes présents dans la classe) et tirer au sort une étiquette puis tous les enfants ou les adolescents volontaires expriment leur gratitude à la personne tirée au sort. 

Cet outil apaise le groupe et est source de joie et la joie est la clé de la motivation. 

Organiser des ateliers philo et pratique de l’attention régulièrement : 

Je vous propose d’instaurer des ateliers philo de manière régulière. 

Il s’agit d’un très bon exercice de savoir être et vivre ensemble

Pratiqués de manière régulière, les ateliers philo permettent aux enfants ou aux adolescents de développer leur esprit critique, de penser par eux-mêmes, de se sentir écoutés et respectés dans le groupe. 

Vous pouvez à cette occasion, proposer également une pratique de l’attention (méditation) avant la discussion. 

Pratique de l'attention
Christelle Mancuso

La pratique de l’attention :

Elle permet : 

  • d’entraîner la concentration,  
  • d’être attentif à soi et à nos sensations corporels, 
  • d’être dans l’instant présent sans penser à tout à l’heure ou à demain,  
  • de ne pas arrêter de penser mais d’être conscient de ses pensées. 

L’attention est comme un muscle, il faut l’entraîner ! Et rien ne vaut l’expérimentation ! 

Vous pouvez proposer aux enfants ou aux adolescents d’être attentif à un objet (un sablier par exemple), à leur respiration ou vous pouvez les guider sur une méditation un peu plus longue ou encore, utiliser un support audio (« calme et attentif comme une grenouille » par exemple) ou vidéo (le conte musical « l’Arpenteur » par exemple).

L’atelier philo :

Vous pouvez rappeler aux enfants que pendant cet atelier il n’y a ni de bonnes, ni de mauvaises réponses et comme le disait Socrate : 

« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » 

Socrate

Pendant l’atelier philo, je vous propose d’adopter une posture d’écoute.
Vous distribuez la parole, vous les aider à reformuler, à problématiser, à conceptualiser et à argumenter et s’il le faut, vous pouvez les recentrer sur le sujet. 
Veillez à ne pas avoir trop d’attente, faites leur confiance et laissez les guider la discussion.
Elle suit rarement le fil que nous avions imaginé.

Pour les grands groupes, vous pouvez proposer des rôles de gardiens aux enfants ou adolescents volontaires, distribués sous forme de cartes : 

  • le ou les gardien(s) de la mémoire : il dessine ou il écrit ce qui lui paraît important à retenir, 
  • le gardien du temps : il surveille l’heure et prévient le groupe 10 minutes avant la fin pour nous laisser le temps de conclure, de synthétiser ou de donner la parole au gardien de la mémoire, 
  • le gardien de la parole : il est attentif à ce que les participants s’écoutent, parlent chacun leur tour, 
  • le gardien du thème : il nous prévient si les participants sortent du sujet en levant sa carte, 
  • le gardien du respect : il peut lever sa carte s’il estime que les participants ne sont pas suffisamment respectueux et polis en fonction des règles fixées en début d’atelier. 
Atelier philo
Christelle Mancuso

Le cadre d’atelier philo que j’adopte la plupart du temps :

  1. on se présente et on accueille les enfants ou les adolescents, 
  1. on s’installe en cercle au sol et on présente la balle ou le bâton de la parole (« c’est celui qui a la balle qui parle », « on écoute celui qui a la balle de la parole » et « on lève la main pour avoir la balle de la parole » et « on se la passe en la faisant rouler au sol et en se regardant »…), 
  1. premier tour de cercle : chacun dis son prénom et comment il se sent (cartes météo intérieure ou cartes des émotions), 
  1. on fixe les règles ensemble : « de quoi avez-vous besoin pour vous sentir bien pour parler ensemble aujourd’hui ? » et on les liste en écriture positive (éviter les négations) puis on les relit les règles en demandant l’accord de tous, 
  1. nous invitons le groupe à une pratique de l’attention ou à une méditation, et nous écoutons le ressentis de chacun après cette pratique,
  1. une fois le cadre posé et l’attention musclée, nous pouvons lancer la discussion sur le thème de notre choix, avec ou sans support (livres, images, vidéos…), 
  1. nous posons la question (« c’est quoi le bonheur pour vous ? » « qu’est-ce qu’un ami ? » « les émotions à quoi ça sert ? » « peut-on toujours se réconcilier ? », « est-ce que la différence fait peur ? », « c’est quoi le beau ? », « c’est quoi la famille ? », « vaut-il mieux savoir ou croire ? », « c’est quoi la liberté d’expression ? …), 
  1. et nous proposons un « 1… 2… 3… pensez ! » : chacun réfléchit pendant quelque minutes et cherche SA réponse sans être influencé par les réponses des autres, 
  1. premier tour de cercle avec la réponse spontanée de chacun
  1. puis les échanges commencent

Je vous souhaite de magnifiques ateliers philo ! 

Organiser un conseil sur le vivre ensemble régulièrement : 

Un temps pour parler et construire une vie de classe ensemble. 

Vous pouvez demander : « De quoi avez-vous besoin pour vous sentir bien en classe ? » 

Lister ensuite les besoins qu’ils nomment spontanément ou en utilisant les cartes des besoins (par exemple : besoin de calme, besoin de bouger, besoin de comprendre, besoin d’écouter…). 

Puis interroger les sur leurs stratégies : « Qu’est-ce qu’on peut faire pour vivre ça ? » (par exemple : on peut lever la main pour parler, on peut bouger pendant la récréation, on peut bouger les pieds en classe, on peut avoir un coin calme dans la classe). 

Vous obtiendrez ainsi toutes les possibilités pour répondre à leurs besoins et vous construisez ensemble les accords du groupe.

Ces accords du groupe :

  • restent modulables tout au long de l’année,
  • sont évoqués lors des conseils réguliers,
  • sont listés en langage positif (pas de négation),
  • sont accessibles et réalisables par tous les enfants,
  • et peuvent être affichés dans la classe et signés par tous les élèves en signe d’adhésion.
Bien être et bien vivre ensemble
Christelle Mancuso

Ces accords leurs permettent de se responsabiliser et de faire des propositions. 

Si ces accords sont transgressés, on rappelle la règle (inscrite quelque part dans la classe) et si cela ne suffit pas, on voit comment faire avec le groupe. 

Cette pratique permet à l’enfant d’évoluer dans un cadre sécurisant qui lui permettra d’être dans de bonnes conditions d’écoute et d’apprentissage

De plus, lors des petits conflits quotidiens, il sait qu’il pourra toujours en parler lors des conseils. 

Faire des exercices d’écoute active : 

Proposer aux enfants d’apprendre à écouter avec cette expérience : 

  • Former des duos, pendant 2 minutes l’un parle et l’autre écoute sans rien dire. 
  • A la fin des 2 minutes l’autre redit ce qu’il a entendu et demande validation à celui qui parlait en lui laissant la possibilité et le temps de rectifier ou de préciser ce qu’il voulait dire. 
  • Inverser les rôles. 

Ils expérimentent ainsi ce qu’est d’écouter l’autre et apprécie d’être vraiment écouté à leur tour. 

Former des médiateurs sur la base du volontariat : 

Expliquez au médiateur que sa posture doit être calme avant d’intervenir. 

Il peut s’aider d’un cadre inscrit sur une feuille pour prendre du recul par rapport à la situation : 

  1. le médiateur demande si les enfants sont d’accord pour qu’il intervienne 
  2. l’enfant 1 parle 
  3. le médiateur reformule « ok, tu dis que…. » et demande « comment tu t’es senti ? » 
  4. l’enfant 2 parle 
  5. le médiateur reformule « ok, tu dis que… » et demande « comment tu t’es senti ? » 
  6. le médiateur reformule aux 2 enfants : « dans le monde de -enfant 1- elle a vu…. et elle a ressenti…. et dans le monde de -enfant 2- il a vu… et il a ressenti… » 

Il s’agit de les écouter pour leur permettre de régler par eux même le conflit. 

Puis poser la question : « la prochaine fois, qu’est-ce que tu peux faire ? » 

Le cadre de la médiation peut aussi être affiché quelque part dans la classe. 

Gérer les « j’ai pas fait exprès ! » :

Pour les « j’ai pas fait exprès », vous pouvez demander aux enfants ou aux adolescents de remimer la scène :

  • Il mime une première fois sans s’excuser et vous demandez « qu’est-ce que ça t’a fait ? »
  • Puis une seconde fois en demandant pardon à l’autre et vous redemandez à la fin « qu’est-ce que ça t’a fait ? ».  

Vous pouvez aider les enfants en proposant les cartes des émotions pour répondre. 

Après avoir rejoué la scène, les enfants et les adolescents (acteurs et observateurs) se rendront rapidement compte des bienfaits de présenter ses excuses.  

Faire des jeux coopératifs : 

Le jeu est un formidable outil de compréhension et de régulation des émotions à la condition de la mise en place d’un cadre sécurisant et protecteur. 

A cette occasion aussi, vous pouvez demander aux participants : « de quoi avez-vous besoin pour jouer ensemble ? » et lister les règles avec eux.

Pendant le jeu, l’enfant ou l’adolescent pourra :

  • expérimenter,
  • faire appel à son imagination,
  • apprendre et progresser en autonomie,
  • être en lien avec les autres joueurs,
  • et respecter les règles. 

Le jeu est source de plaisir et de joie partagée. 

Mes jeux coopératifs préférés :

  • la chanson 1,2,3, boum ! Installés en cercle, les enfants et les adultes comptent ensemble, chacun leur tour, puis au fur et à mesure des tours, les chiffres sont remplacés par des mots ou des gestes. Chacun garde le même mot ou geste jusqu’à la fin. Rires garantis ! 
  • The mind : un jeu pour coopérer sans parler ! Chaque joueur a des cartes en main et doit les déposer au centre dans l’ordre croissant. Les parties sont courtes et les joueurs se comprennent de mieux en mieux au fil des parties. 
    Ce jeu est parfait en îlot de 4 pour créer des liens en début d’année. 
  • Le dessin à plusieurs mains : on décide de dessiner une forme à plusieurs mains (un visage, un véhicule, un paysage, une maison…). Chacun son tour, chaque enfant dessine un seul élément et passe le dessin à son voisin – faire tourner autant de feuilles que de participants pour éviter l’attente. 
  • Se déplacer de manière inhabituelle : à la manière d’un gorille, à la manière d’un crabe, à la manière d’un flamant rose, à la manière d’un éléphant, à la manière d’un chat, à la manière d’un oiseau, à la manière d’un équilibriste… tous ensemble et en même temps. 

Céline Alvarez nous dit :

« Une classe qui va bien, c’est une classe où les enfants rient…

Il vaut mieux une classe un peu bruyante où la vie se manifeste et existe…

Que le terreau soit la joie et le plaisir d’être ensemble ! »

Céline Alvarez – une annee pour tout changer

Développer la confiance en eux-mêmes : 

Vous pouvez :

  • vous entraîner à la culture du compliment : dire « tu peux être fier de toi » plutôt que « je suis fier de toi »,
  • utiliser des cartes des qualités, par exemple en associant une qualité à un animal, ainsi vous les aidez à développer leur confiance en eux et leur connaissance du monde animal. 
  • organiser des défis (en fabriquant un dé à 6 défis par exemple) :
  1. Cite 3 choses que tu sais faire,
  2. Imite un gorille,
  3. Marche comme quelqu’un de très sûr de lui,
  4. Cite une de tes qualités,
  5. Invente ta danse de la victoire,
  6. Ferme les yeux et écoute les autres citer une de tes qualités. 
Confiance en soi
Christelle Mancuso

Vous pouvez lire des livres magnifiques sur la confiance en soi :

Je vous propose également un jeu, pour expérimenter la confiance en l’autre :

  • un enfant ferme les yeux et se laisse guider par l’autre,
  • puis on inverse les rôles. 

Et enfin, l’apprentissage de l’autonomie est un élément essentiel de la confiance en soi.

Utiliser les 9 types d’intelligence pour renforcer leur confiance :

Je vous propose également de valoriser les enfants sur les 9 types d’intelligence : 

  • visuelle/spatiale : vous pouvez organiser des courses d’orientation dans la nature, 
  • naturaliste : vous pouvez fabriquer des cartes des qualités en associant un animal à chaque qualité, 
  • musicale : vous pouvez chanter et même fabriquer des instruments, à partir de déchets par exemple, 
  • logico-mathématique : je suis sûre que vous le faîtes déjà ! 
  • existentielle : vous pouvez mettre en place des ateliers philo, 
  • interpersonnelle : vous pouvez développer leur empathie en instaurant des rituels des émotions par exemple, 
  • corporelle : vous pouvez danser, jouer au ballon et laisser les enfants s’exprimer par le corps le plus souvent possible… 
  • verbale : ici aussi les ateliers philo et les rituels d’accueil des émotions sont parfaits ! 
  • Intrapersonnelle : vous pouvez demander aux enfants de parler de leurs compétences et de leurs qualités de façon régulière (le jeu des défis). 
Intelligence musicale
Confiance en soi
Christelle Mancuso

Reconnecter les enfants à la nature :

Sortons de l’école !

Jardinons à l’école !

N’hésitons jamais à emmener les enfants dehors ou à faire entrer la nature dans la classe ou à la maison !

Je vous souhaite à toutes et à tous, enfants, adolescents, parents, éducateurs, une très belle rentrée et je demeure à votre disposition pour échanger sur ces outils au service du mieux-être et mieux vivre ensemble. 

N’hésitez pas à me demander des détails pour leur mise en place ou pour découvrir d’autres outils.

Et comme le dit un proverbe africain « il faut tout un village pour élever un enfant ».
Chaque parent, chaque éducateur, chaque personne en contact avec les enfants peut faire sa part pour les accompagner dans leur développement de la meilleure façon possible avec ce qu’il est.

A très vite 

Christelle Mancuso