J’ai découvert les accords Toltèques bien avant la CommunicationNonViolente, et j’aime aujourd’hui faire un lien entre les deux.
Je vous propose ici ma lecture de ces accords :
- Que votre parole soit impeccable : je dis ce que je vois et ce que j’entends (les faits) et je chasse les interprétations (jugements, étiquettes)
- N’en faites pas une affaire personnelle : l’autre exprime SES émotions et SES besoins
- Ne faites pas de supposition : exprimer une demande claire
- Faites toujours de votre mieux : le plus petit pas possible
Alignement cœur, corps, esprit, une hygiène de vie à adopter en classe ou en famille pour mieux être et mieux vivre ensemble.
Les accords Toltèques, tout comme la CommunicationNonViolente, nous donnent les clés pour mieux communiquer avec les autres et avec soi-même.
Cet outil est utilisable par les adultes et les enfants.
Pourquoi proposer cet outil aux enfants et aux adolescents ?
- Pour les aider à communiquer entre eux,
- à prendre leur place à l’école ou dans la fratrie,
- à s’affirmer,
- à se défendre,
- à se responsabiliser,
- à être fiers d’eux-mêmes.
Comment utiliser cet outil avec les enfants et les adolescents ?
- Tout d’abord en l’incarnant en tant qu’adulte parent et/ou éducateur,
- puis en les accompagnant.
Vous pouvez débuter par cette vidéo :
1. Le super pouvoir des mots : « que votre parole soit impeccable »
Vous pouvez proposer aux enfants et aux adolescents d’expérimenter « la parole impeccable » :
Lorsqu’ils parlent d’eux même et leur proposer d’observer leurs sensations dans le corps lorsqu’ils se félicitent, s’encouragent, se rassurent.
Ce super pouvoir est un outil puissant.
En groupe, vous pouvez jouer au jeu des qualités :
- les enfants et les adolescents sont assis en cercle,
- chacun son tour, ils ferment les yeux pendant que leur camarade, ou frères et sœurs ou copains, copines, disent une de leur qualité à voix haute,
- demandez ensuite à chacun ce qu’il a ressenti à l’écoute de ses paroles « magiques ».
Vous pouvez utiliser des cartes des qualités pour donner des idées aux enfants.
« Quelque soit votre façon de parler, votre intention se manifeste par la parole.
Don Miguel Ruiz
Ce dont vous rêvez, ce que vous sentez et ce que vous êtes vraiment, tout cela se manifeste par la parole. »
Vous pouvez également utiliser des marionnettes qui choisissent de s’exprimer :
- soit de manière bienveillante (comme la girafe, emblème de la CommunicationNonViolente),
- soit de manière agressive (comme le chacal choisi en opposition à la girafe).
La Girafe : Grâce à son long cou, elle peut prendre de la hauteur et du recul sur les choses.
Son cœur est le plus gros parmi les mammifères terrestres.
Elle a aussi des antennes qui lui permettent de se mettre à la place des autres.
En cas de danger, pour se protéger, elle est capable de donner un grand coup de sabot.
La girafe distingue facilement les faits des jugements, elle est la championne pour exprimer ses émotions et ses besoins et elle sait faire des demandes claires aux autres.
Le Chacal : Court sur pattes, il ne voit pas grand chose dans les hautes herbes de la savane dans laquelle il vit.
Il est toujours aux aguets et quand il se sent menacé, il attaque ou il fuit.
Il n’a pas appris à entrer en relation avec les autres autrement qu’en criant, tapant, insultant…
Le chacal juge, il est coupé de ses émotions et de ses besoins.
S’il lui arrive quelque chose de négatif, il croit toujours que c’est la faute des autres.
Exemple de scénette à jouer avec les marionnettes :
Un personnage prend quelque chose à l’autre,
scénette n°1 : le chacal réagit en criant : « rend le moi, tu es méchant ! »
scénette n°2 : la girafe réagit en le regardant et en lui disant : « quand tu prends mes affaires, je suis fâchée, peux-tu me les rendre ? »
Pour les plus grands, vous pouvez organiser un atelier philo :
Sur la base de l’apologue de Socrate : les trois tamis.
Proposition de questionnement :
- Qu’est ce que la vérité ?
- Vous arrive-t-il de rapporter les paroles des autres sans être sûr qu’elles sont vraies ?
- Qu’est ce que la bonté ?
- Dites-vous toujours des choses utiles ?
- Entendez-vous toujours des choses utiles ?
- A votre avis, que peut-il se passer lorsque notre parole ne passe pas à travers ces 3 filtres ?
- Et au contraire, que se passe-t-il lorsque notre parole passe au travers de ces 3 filtres ?
- …
2. Comment se protéger ? : « N’en faites pas une affaire personnelle »
Comment faire lorsque les autres (ou nous même), choisissent d’utiliser le pouvoir des mots contre nous ?
Que les paroles viennent de l’intérieur ou de l’extérieur, bien identifier qu’il s’agit de jugements, d’interprétations et d’étiquettes et que ces paroles ne parlent pas de moi !
Et pour cela, il faut s’entraîner :
Un jeu pour différencier les faits des jugements :
Les enfants ou les adolescents se déplacent dans l’espace et lorsque la musique s’arrête, ils se figent.
Le parent ou l’éducateur choisit un enfant (il le nomme par son prénom) et affirme quelque chose à son sujet.
S’il s’agit de faits (ce que je vois et ce que j’entends) : les enfants forment des lunettes avec leur main autour des yeux.
S’il s’agit de jugements (pensées) : les enfants font tourner leurs doigts au niveau de leurs tempes.
Par exemple : « elle est brune » (fait), « il est joyeux » (jugement), « elle porte des baskets » (faits), « on dirait qu’il rêve » (jugement)…
La création d’une poubelle des jugements :
Je vous propose de dédier une corbeille à papier aux jugements, critiques et autres pensées négatives dans votre classe ou à la maison.
Lorsqu’une réflexion reste dans votre tête ou dans votre cœur et qu’elle suscite une émotion désagréable, vous pouvez l’inscrire sur une feuille, la gribouiller, la colorier… et la jeter à la poubelle. Ces mots ne parlent pas de moi !
Vous pouvez accompagner les enfants et les adolescents à mieux se connaître et à augmenter leur confiance.
Des formules magiques pour les aider à activer leur bouclier :
- « Je suis unique et précieux »
- Je joue à retourner les paroles négatives en paroles positives : quand tu me dis « tu es moche », je pense « je suis beau/belle » et j’observe ce qui se passe dans mon corps
Des défis de la confiance en soi :
Pour cela, vous pouvez fabriquer un dé et inscrire 6 défis différents que les enfants ou les adolescents pourront réaliser en groupe.
Par exemple :
- cite une de tes qualités
- marche en traversant la pièce comme quelqu’un de très sûr de lui
- raconte nous la dernière fois que tu as été fier de toi
- imite un gorille
- invente ta danse de la victoire
- où es-tu le plus fort ?
Vous pouvez également proposer aux enfants et aux adolescents une démonstration de talents de façon régulière : ils choisissent de présenter aux groupes un de leur talent (danse, gym, musique, chant, calcul mental, mémoire, magie…) ou une de leur passion (le sport, la nature, les animaux…).
3. Comment « ne pas faire de suppositions » ?
L’objectif est de revenir au lien, à la relation avec l’autre et de lui demander ce qu’il pense vraiment.
Cela évite le stress et/ou l’anxiété que les suppositions peuvent engendrer.
Repérer les suppositions :
Elles commencent souvent par :
- « je me suis dit que »
- « j’ai cru que »
- « j’ai l’impression que »
- …
Jouer à faire des suppositions :
Proposer une situation « stressante » au groupe d’enfants ou d’adolescents (adaptée à leur vécu).
Par exemple :
« Aujourd’hui, ma (ou mon) meilleur ami(e) n’a pas joué avec moi à la récré. »
« Pourquoi ? »
Laissez les enfants imaginer toutes sortes de raisons (faire des suppositions) et demandez :
« Comment savez vous que cela est vrai ? »
« Etes-vous bien sûr de ce que vous dites ? »
« Et si nous lui posions la question directement ? »
S’entraîner à demander plutôt qu’à supposer :
Invitez les ensuite à formuler la question en « langage girafe » :
- Je dis ce que je vois et ce que j’entends (les faits) : « Quand tu me dis ça… », « Quand tu fais ça… »
- Je dis comment je me sens (mes émotions) : « je me sens… »
- J’exprime mon besoin : « parce que j’ai besoin de… »
- Je fais une demande (il ne s’agit pas d’une exigence, l’autre peut toujours me dire non)
Par exemple :
- « à la récréation, quand tu n’es pas venu me voir » ou « à la récréation, quand tu jouais avec les autres »,
- « je me suis senti seul » ou « je me suis senti triste » ou « je me suis senti en colère »
- « parce que j’ai besoin de jouer avec mes copains » ou « parce que j’ai besoin d’être avec toi à la récré »
- « est ce que tu m’as vu ? » ou « pourquoi tu n’es pas venu me voir ? » ou « est-ce que tu voudras jouer avec moi ce soir à la garderie ? »
Et proposer des réponses différentes :
- « non je ne t’ai pas vu et je suis allé rejoindre les copains de ma classe parce que nous avions commencé un jeu ensemble »
- « oui, je t’avais vu mais Julie voulait me raconter un secret »
- « oui, je t’avais vu mais le maître a dit que nous devions rester sous le préau parce que la cour était mouillée »
- « oui, on jouera ensemble ce soir à la garderie »
- « non, je ne vais pas à la garderie ce soir »
- …
Formuler une demande en jouant :
Assis en cercle, l’enfant qui a la balle est debout au centre de la ronde.
Il se place devant un autre enfant.
Ils se saluent et disent tous deux « bonjour ».
L’enfant qui a la balle dit « veux tu jouer avec moi ? »
– Si l’enfant répond oui alors il lui donne la balle et ils font un tour à l’intérieur du cercle ensemble.
L’enfant qui n’a plus la balle se rassoit à la place libre.
– Si l’enfant répond non alors il reste assis et celui qui a la balle va saluer et demander à quelqu’un d’autre.
Vous pouvez même le faire en chantant :
Cet accord « ne faites pas de supposition » est sûrement le plus puissant pour changer notre vision des choses et nous ouvrir aux autres.
Il est aussi, je trouve, le plus en lien avec la CommunicationNonViolente.
Au service de la relation, en connexion avec l’énergie de vie de chacun.
4. La fée-de-ton-mieux
« Je suis la fée-de-ton-mieux, je suis là pour te donner de la douceur et il y aura des moments où tu seras assez fort(e) et d’autres où ce sera plus difficile. Aie toujours le cœur léger, fais chaque jour de ton mieux ! »
Extrait du livre « Les principes toltèques appliquées aux enfants » de Florence Millot
Vous pouvez guider les enfants :
« Pour connaître ton mieux du jour, écoute ton corps et tes émotions.
Il sera différent si tu es fatigué, en colère, triste, … que si tu es plein d’énergie, excitée, serein, joyeux …
Faire de son mieux, cela ne veut pas dire se donner tous les jours pareil.
Et ton mieux, ce n’est pas le même que celui des autres. »
En CommunicationNonViolente, nous parlons du « plus petit pas possible ».
Il est évident que ce dernier accord « faites toujours de votre mieux » évite de se juger ou de regretter et permet d’augmenter la confiance en soi.
Je vous propose un très beau conte à lire avec les enfants : Le Porteur d’eau
L’histoire d’une jarre qui fait de son mieux pour apporter de l’eau mais qui n’est pas satisfaite du résultat…
J’espère que cet article et tous les outils proposés vous aideront à faire le plus petit pas possible vers un mieux-être et un mieux vivre ensemble avec les enfants et les adolescents.
N’hésitez pas à nous partager vos petits pas.
A très vite,
Christelle Mancuso
Que voici un article complet, précis, pédagogique et utile. Je trouve très intéressant ton choix de rapprocher la CNV des accords toltèques. Cela laisse des possibilités différentes au lecteur de mixer les deux, de s’orienter plus vers l’un ou vers l’autre. Les propositions d’activités à expérimenter avec les enfants sont ludiques et vont développer les compétences psychosociales tant des enfants que des adultes qui vont les proposer. C’est très riche, BRAVO Christelle et MERCI pour ce partage.
Merci beaucoup Laurence. Ton avis de professionnelle me touche particulièrement.